top of page
Rechercher

L'imperfection

  • Eric PIERRE
  • 10 juin 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 juil. 2022


Quelle plus grande vanité que la modestie ? On minimise nos talents comme si nous y étions pour quelque chose.



Nous ne sommes jamais seuls. Chaque jour, sans répit, nous devons partager notre quotidien avec l’imperfection. Nous sommes cernés. Elle est partout. Quoi que nous fassions, où que nous allions, comme le carbone, comme l’oxygène, l’imperfection est là. Nos natures et nos existences sont imparfaites. Succession d’épreuves, de frustrations et de contrariétés, la vie se hisse rarement à la hauteur de nos rêves.

ree

Pour une jeunesse sans amertume et pour une vieillesse sans aigreur, exister c’est d’abord apprendre à vivre …


  • Avec ce que je suis, avec ce que je ne suis pas et avec ce que je ne serai peut-être jamais.

  • Avec ce que j’ai, avec ce que je n’ai pas et avec ce que je n’aurai peut-être jamais.

  • Avec ce que je sais, avec ce que je ne sais pas et avec ce que je ne saurai peut-être jamais.



Les querelles conjugales


La vie est une affaire de collectionneur. Au fil du temps, on accumule et on entasse les échecs, les chagrins et les désillusions. On s’en veut. On se dénigre. Mais rien à faire. On n’y échappe pas. Lorsqu'il est sincère, l'auto-dénigrement est une querelle conjugale. On se fait savoir combien il est difficile de vivre avec soi-même.



Une normalité chronique


Nous souffrons tous d’infirmités plus ou moins lourdes et de limitations plus ou moins sévères. C’est ainsi. Et il faut bien s’en accommoder. Trop grand, trop petit, trop gros, trop maigre, trop timide, trop introverti, trop lunatique, trop naïf, trop impulsif, trop émotif, trop dépressif, trop inconstant, trop rancunier, trop lent, trop égocentrique, trop pessimiste, trop effacé, trop superficiel, trop insignifiant, pas assez charismatique, pas assez drôle, pas assez séduisant, pas assez viril, pas assez fort, pas assez intrépide, pas assez courageux, pas assez persévérant, pas assez empathique, pas assez malicieux, pas assez ambitieux, pas assez imaginatif, pas assez intelligent, pas assez passionné, pas assez aimé, pas assez aimant, pas assez enthousiaste, pas assez reconnu, pas assez écouté, pas assez riche, pas assez victorieux … les raisons de se déprécier ne manquent pas.


Si, au fil de cette énumération incomplète, vous avez coché plusieurs cases, ne soyez pas inquiet. Vous souffrez probablement de normalité chronique. Ainsi en va-t-il pour la plupart d’entre-nous. Une déambulation perpétuelle entre le « trop » et le « pas assez ». Une recherche d’équilibre, tiraillés entre la honte et la culpabilité.



On méprise la faiblesse et nous admirons le talent. Mais il est tellement plus difficile de vivre sans talent. Qu’on possède une aptitude pour le dessin, pour la musique, pour les sciences, pour la littérature, pour l’informatique, pour le sport, pour convaincre ou pour séduire, le talent n’est pas une performance individuelle mais un don du Ciel, un prodige de la nature, un miracle de la création.


Par courtoisie, par savoir-vivre, pour ne pas piétiner le jardin des vanités du voisin, on nous apprend à minimiser nos talents. Mais, au fond, quelle plus grande vanité que la modestie ? On minimise nos talents comme si nous y étions pour quelque chose.



Tocard


En classe de seconde, il y avait parmi nous un élève nommé « Tocard ». Malgré son nom et malgré son année d’avance, Tocard était en tête de classe avec notamment 19/20 de moyenne en mathématiques et 20/20 de moyenne en sciences physiques. A moins que ce ne soit l’inverse. Mais le plus extraordinaire ne résidait pas là. Le plus extraordinaire était que Tocard détestait les mathématiques et la physique. Ces matières l’ennuyaient et il ne les étudiait jamais. Sa présence en cours lui suffisait pour comprendre ce qu’on attendait de lui et pour remettre des copies irréprochables.


Pour Tocard les mathématiques et la physique étaient un exercice facile mais sans intérêt. Il ne vibrait que pour le théâtre et pour la littérature. Il rêvait de devenir comédien. Alors, à la rentrée suivante, au grand désarroi de nos professeurs, il intégra une première littéraire.


On s’excuse de ses faiblesses mais ne faudrait-il pas plutôt s’excuser de nos talents ? Le talent est si facile. Presque indécent. On est tous spectateurs de son propre talent.



Les larmes des vainqueurs


Quelle meilleure preuve de notre fragilité que ces poings rageurs, ces bras tendus vers le ciel et ces larmes sur le visage des vainqueurs ? Ces poings qui se serrent, ces bras qui se lèvent et ces larmes qui coulent, ne sont pas une manifestation de force mais un aveu de faiblesse et de vulnérabilité. Tout champion sait combien il est difficile de le devenir et, plus encore, combien il sera difficile de le rester. Il n’existe qu’une seule place de vainqueur. Et le siège est éjectable. L’école du sport est d’abord l’école de la défaite.


On mesure la force d’un individu à sa capacité à vivre avec ses faiblesses.



______________________________________________________


Vous voulez réagir à cet article ? Laissez votre commentaire

Vous voulez rester en contact ? Suivez-moi sur Facebook

Vous voulez recevoir la newsletter mensuelle ? Je m'abonne



 
 
 

Commentaires


bottom of page