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Ces petits rien qui comptent plus que tout

  • Eric PIERRE
  • 24 juin 2022
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 juil. 2022


Croire ou ne pas croire est toujours un acte de foi.



Tel des suricates à l’affût, inquiets, dressés sur nos pattes arrière, les oreilles et les yeux grands ouverts, tous les sens en alerte, on cherche à savoir, on cherche à comprendre. Mais la vie nous est livrée en kit, sans plan de montage ni mode d’emploi. On tâtonne. On bricole. Chacun y va de sa théorie mais personne pour savoir. Aucun secours possible. Il faudra traverser l’existence en compagnie de milliards d’individus comme nous… Tout aussi perdus que nous. Une foule immense arrivée là sans savoir comment ni sans savoir pourquoi. Voilà tout le défi et toute la complexité de la condition humaine.


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Un athée est un croyant qui s'ignore


Les randonneurs le savent bien : la physionomie des sommets ne cesse de se redessiner en fonction des points de vue. « La littérature ne sert pas à mieux voir. Elle sert seulement à mesurer l'épaisseur de l'ombre. » écrivait William Faulkner.[1]


Dans ce monde sans guide, suspendus quelque part dans la nuit glaciale d’un univers infini, livrés à nous-même, impossible de demander son chemin. Selon sa sensibilité, son éducation, son milieu, son vécu, son savoir, ses aptitudes … chacun se fait son idée. Chacun trace sa route. C’est alors qu’arrivent les postulats et les actes de foi. Bien obligé ! Pour pouvoir décider, pour pouvoir avancer, il faut bien croire en quelque chose.


Il y a les religions, bien sûr, avec leurs promesses de salut et d’éternité, et leurs vérités révélées par les dieux, mais il y a aussi toutes les croyances éthiques fondées sur nos ressentis et révélées par la perception du juste et de l’injuste. Le nihiliste lui-même, c’est-à-dire celui qui prétend ne croire en rien, croit encore en quelque chose. Car ne croire en rien est une croyance comme une autre. Une croyance tout aussi indémontrable que l'idée contraire.


De la même manière, un athée est un croyant qui s’ignore. Il a foi en l’inexistence de Dieu.


Croire ou ne pas croire est toujours un postulat ou un acte de foi. On pourra privilégier telle hypothèse plutôt que telle autre mais, au fond, à bien y regarder, on ne sait jamais très bien pourquoi. La vie a-t-elle un sens ? La seule réponse valable à cette question est d’une simplicité biblique. Nous n’en savons rien. Tout le reste n’est que spéculation. Croire ou ne pas croire est toujours une affaire de croyance.



Les châteaux de sable


Ne prenons pas la vie intellectuelle trop au sérieux. Goûtons avec bonheur les petits plaisirs du quotidien : notre unique ancrage, notre unique refuge, notre unique boussole, notre seule véritable « raison » de vivre. Ces petits riens qui comptent plus que tout. Les plaidoyers de la pensée ne pèsent pas bien lourd face aux arguments de la perception.


Chacun vaque à ses occupations. Chacun s'amuse avec les jeux de son âge. Enfants on construit des châteaux de sable. Plus tard on échafaude des hypothèses. De fragiles hypothèses toujours prêtes à s'effondrer. Toute opinion métaphysique n’est que spéculation. Face à un grand esprit, ne soyons pas dupes. Pour ce qui est des questions fondamentales et des mystères de la création, il n'en sait pas plus que nous.


Pour cette raison, tenons-nous prêts. Soyons capables de changer d’avis à chaque instant. Ne nous laissons pas surprendre. L’histoire n’est pas terminée. D’autre Copernic, Darwin ou Einstein viendront renverser notre vision du monde. Nos opinions sont si fragiles. Quel alpiniste accepterait de suspendre sa vie au bout d'un fil aussi mince ?

Le pire n’est jamais l’ignorance mais l’illusion de savoir. « Pour combattre l'ignorance il faut d'abord la confesser » disait Montaigne.[2]


Pour mettre toutes les chances de notre côté, pour augmenter la probabilité de faire les bons choix soyons sans illusion, refusons tous les dogmes et toutes les certitudes. Soyons d’abord conscients de tout ce qu’on ignore. Et, bonne nouvelle… si savoir est difficile, savoir ce qu’on ignore est un jeu d’enfant.





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[1] Entendu dans l’émission « La Grande Librairie » animée par François Busnel et diffusée sur France 5 le 8 septembre 2021. [2] Entendu dans l'émission « Les chemins de la philosophie » animée par Adèle Van Reeth, diffusée sur France Culture le 11 juin 2015 et écoutée en podcast le 13 décembre 2021.

 
 
 

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